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C.E.L.S.I.R

(Conservation d'un Écosystème Littoral du Sud de l’Île de La Réunion)

Description du projet 

   Contexte général

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    Au cours des cinq derniers siècles, l’Homme a introduit un grand nombre d’espèces végétales et animales dans la plupart des écosystèmes du globe (Di Castri, 1989). Ces introductions ont parfois conduit à des invasions biologiques majeures, ce qui constitue l'une des sources les plus importantes de perte de biodiversité en milieu insulaire (Vitousek et al., 1997 ; Veitch and Clout, 2002 ; Courchamp et al., 2003 ; Dairain and Vad, 2012). Elles ont en outre, des conséquences socio-économiques dans le monde entier (Sakai et al., 2001). Les îles, par leur isolement et leur faible superficie, présentent des communautés d’espèces peu diversifiées, souvent disharmoniques (chaînes trophiques simplifiées), et caractérisées par des taux élevés d’endémisme, ce qui les rendent particulièrement vulnérables aux introductions d’espèces (Chapuis et al., 1995). Dans ce contexte, les recherches visant à caractériser l’impact des espèces invasives sur les espèces et les habitats insulaires tropicaux et à quantifier les effets des actions de restauration sont en plein développement dans le monde (Sax and Gaines, 2008 ; Simberloff, 2011 ; Glen et al., 2013) et dans l’océan Indien (Russell and Le Corre, 2009 ; Ringler et al., 2014 ; Le Corre et al., 2015). L'île de La Réunion a fait l'objet de nombreuses introductions végétales et animales (McDonalds et al., 1991). Plusieurs études ont porté sur l’impact de ces invasions sur les oiseaux marins (Peck et al., 2008 ; Faulquier et al., 2009), les reptiles terrestres (Deso and Probst, 2007 ; Dervin et al., 2013 ; Sanchez and Probst, 2016) et la flore (McDonalds et al., 1991 ; Lavergne et al., 1999). Cependant ces travaux sont le plus souvent centrés sur une espèce ou un groupe d’espèces et prennent rarement en compte les différentes composantes des écosystèmes (voir cependant Dumont et al., 2010).

Figure 1: Exemple d'un reliquat de végétation littoralle préservé en bordure de falaise. Crédit photo: Arthur Choeur

Projet C.E.L.S.I.R

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    CELSIR est un projet de recherche appliqué à la conservation qui s’insère dans le cadre d'un doctorat et vise à associer le domaine de la gestion des milieux naturels et celui de la recherche. Ce projet s’intéresse au littoral sud de La Réunion, entre Saint Philippe et Saint Pierre qui est composé de falaises abruptes et spectaculaires abritant une faune et une flore remarquables (Figure 1). Parmi les éléments patrimoniaux exceptionnels de ces falaises figurent le gecko vert de Manapany (Phelsuma inexpectata, endémique du sud de l’île et en danger critique d’extinction), les dernières reliques de végétation indigène littorale (comprenant plusieurs espèces végétales endémiques menacées) et des sites importants de reproduction de trois espèces d’oiseaux marins dont la principale colonie connue de puffins du Pacifique (Ardenna pacifica) à La Réunion (Figure 2 et 3). 

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Figure 2: Exemples d’espèces animales patrimoniales présentes sur le littoral sud de l'île de La Réunion. De gauche à droite: gecko vert de Manapany (Phelsuma inexpectata), puffin du Pacifique (Ardenna pacifica) et paille-en-queue à brins blancs adulte et son poussin (Phaethon lepturus). Crédit photo Mickaël Sanchez et Lucie Faulquier

    Etonnamment, les habitats de ces falaises côtières et les communautés associées restent peu étudiés par rapport au forêts et aux récifs coralliens de l'île. De plus, cette biodiversité subit des menaces importantes, notamment la transformation progressive des habitats par la végétation exotique envahissante et la prédation par des mammifères introduits (chats, rats) (Figure 4). Ainsi, depuis plusieurs années différents acteurs (notamment le Conservatoire du Littoral, l’université de La Réunion (UMR Entropie), le Conservatoire Botanique National et Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement de Mascarin (CBN-CPIE Mascarin), l’association Nature Océan Indien (NOI), la Société d’Etudes Ornithologiques de La Réunion (SEOR) et la CIVIS) interviennent sur ces secteurs pour étudier la biodiversité et les menaces qui pèsent sur elle, et/ou pour mettre en place des opérations de conservation ou de restauration écologique. Dans ce contexte, le projet CELSIR a plusieurs objectifs : 1) étudier les interactions qui existent entre la végétation littorale et la faune indigène (geckos et oiseaux marins) ; 2) qualifier et quantifier les impacts des invasions biologiques 3) combler les lacunes de connaissances sur la répartition, l’écologie et la démographie des espèces indigènes et 4) mettre en place des indicateurs de suivi de la biodiversité et définir des actions de gestion conservatoire.

Figure 3: Exemples de plantes indigènes constituant les habitats naturels originaux des falaises du sud de l'île de La Réunion. De gauche à droite: Saliette, Manioc marron bord de mer et Latanier rouge.Crédit photo Matthieu Lecorre

    L’originalité de ce travail de thèse sera d’intégrer les compartiments faune et flore, indigènes et introduites, pour une compréhension globale des écosystèmes des falaises de la côte sud de La Réunion. Dans ce cadre, les compétences complémentaires de l’Unité Mixte de Recherche ENTROPIE (oiseaux marins et mammifères invasifs), de l’association Nature Océan Indien (reptiles terrestres), du CBN-CPIE Mascarin (végétation indigène et invasive) et CDL (gestion du site) seront mises à contribution pour aboutir à une compréhension globale de la dynamique de ces écosystèmes et des possibilités d'actions de gestion. La thèse étant couplée à des opérations de restauration écologique déjà initiées, elle permettra de quantifier les effets de ces opérations et de mettre en place les indicateurs quantitatifs utilisables sur le long terme, ce qui est rarement réalisé dans la plupart des projets de restauration écologique. La thèse permettra en outre, de créer une dynamique scientifique pluridisciplinaire incluant également les gestionnaires et utilisateurs de ces habitats, ce qui devrait permettre le développement d’un projet de territoire intégré et innovant, au bénéfice des populations, des usagers mais aussi de la biodiversité remarquable de ces habitats naturels.

Figure 4: Exemples de menaces présentant un danger pour la pérennité de la biodiversité du site. En haut à gauche: un des nombreux cadavres de puffin du Pacifique retrouvé chaque année sur le littoral sud de La Réunion prédaté par un chat. En bas à gauche: contenu stomacal d'une couleuvre loup ayant prédaté deux geckos verts de Manapany. A droite: relique de végétation indigène (deux Vacoas, au second plan) entourée de pestes végétales (faux poivrier au premier plan et filao au troisième plan). Crédit photo Mickaël Sanchez et Lucie Faulquier

Retombées attendues

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    La thèse permettra de faire un suivi des premières opérations pilotes de restauration écologiques mises en place à Petite Ile et d’orienter les opérations futures de restauration écologique des habitats naturels. Aussi, cette thèse mènera à la réalisation d’un Plan de Gestion pluriannuel de ces écosystèmes incluant la mise en place d’outils de monitoring standardisés, une évaluation fine de la biodiversité remarquable présente et des menaces qui pèsent sur elle, ainsi que des préconisations en termes de mesures conservatoires et de suivi de l’efficacité de ces mesures. La valorisation économique de ces habitats via une activité écotouristique enrichie des connaissances générées par la thèse sur la biodiversité locale sera également une retombée importante. Ceci correspond à une volonté forte des communes du sud de l’île, dont un des atouts écotouristiques principaux est la naturalité, la valeur paysagère et la diversité biologique de son littoral. Cette thèse aura également des retombées au-delà des communes concernées, puisque les résultats et les méthodologies développées seront applicables à d’autres écosystèmes côtiers de La Réunion ou d’autres îles tropicales.

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