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Gecko vert de Manapany (Phelsuma inexpectata)

Gecko vert de Manapany.
Le pattern unique de coloration présent sur le dos et la tête permet de distinguer chaque individu. Crédit photo: Mickaël Sanchez.

Biologie et écologie

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    Le gecko vert de Manapany est une espèce de reptile endémique du littoral sud de l'île de La Réunion. Il mesure entre 10 à 13 cm de long, présente une coloration dorsale verte à bleue avec de petites tâches rouges typiques chez le genre Phelsuma. 

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    Il est principalement arboricole mais peut avoir des tendances saxicoles (présent sur les rochers). On le retrouve en milieu naturel dans les reliques de la végétation indigène, associé aux Vacoas (Pandanus utilis). Ce gecko se nourrit de fruits, de nectar et d’insectes. Comme tous les lézards, il est ectotherme c'est-à-dire qu'il ne produit pas de chaleur interne et dépend des sources de chaleur externes. On le retrouve souvent immobile au soleil en comportement de thermorégulation pour maintenir une chaleur corporelle optimale. Le gecko vert de Manapany se reproduit toute l'année. La femelle pond ses œufs (deux en général) à l'abri des prédateurs et des intempéries  en les collant à la base d'une feuille, dans les interstices des blocs rocheux ou dans des cavités présentes sur les troncs d'arbre. 

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    Le gecko vert de Manapany est extrêmement dépendant de son habitat de par son écologie et il est inféodé à la végétation indigène. Les plantes indigènes lui apportent nourriture, des conditions thermiques optimales, des sites de ponte et des refuges contre les prédateurs. Hélas, à l’heure actuelle ces habitats sont extrêmement réduits, fragmentés et menacés par les espèces végétales exotiques envahissantes. (Sanchez and Caceres, 2011)

Etat des populations et conservation

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    Le gecko vert de Manapany est une espèce endémique de l’île de La Réunion en danger critique d’extinction. Sur le littoral sud de l’île, une quinzaine de petites populations naturelles isolées les unes des autres, se maintient dans les reliques de la végétation indigène séparée par un habitat dégradé et défavorable. L’état de conservation de ce gecko est alarmant étant donné : 1) sa répartition restreinte (<6km²) ; 2) les faibles effectifs par population (estimation inférieure à 150 individus par population) ; 3) la fragmentation et l’isolement des populations. (Sanchez and Caceres, 2011 ; Sanchez and Crechet, 2016 ; Bonnano et al., 2017). Cette situation rend les populations extrêmement sensibles et celles-ci peuvent s’éteindre soudainement. Par exemple un simple feu de forêt pourrait détruire la population entière ou même un cyclone intense, causant la destruction de tous les sites de ponte, pourrait être gravissime pour ces petites populations (stochasticité environnementale, Shaffer, 1981). De plus, ce genre de petites populations peuvent être touchées par des problèmes d'ordre génétique menant à une perte de potentiel adaptatif et à l'accumulation de mutations délétères (stochasticité génétique) (Lynch et al., 1993 ; Frankham, 1998 ; Frankham et al., 1999). Enfin l’oscillation des valeurs des paramètres démographiques (survie, natalité,...) au sein d’une population, peut mener à l'extinction de ces petites populations (stochasticité démographique). En effet, dans les grandes populations la valeur moyenne d’un paramètre démographique (ex : la natalité) de l'ensemble de la population va tendre vers une valeur stable au cours du temps. Mais dans les petites populations, la valeur moyenne peut être extrême suivant les années (ex : natalité = 0) et les populations peuvent alors s’éteindre par « hasard » (May, 1973 ; Roughgarden, 1975).

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    De plus la présence de mammifères exotiques (chats, Felis catus ; rats, Rattus rattus) et de couleuvres loup (Lycodon aulicus) sur les aires d’occurrence du gecko, connus pour être des prédateurs de lézard (Courchamp et al., 2003 ; Deso et Probst 2007 ; Böhm et al., 2013) amène une pression supplémentaire.

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    Enfin, les connaissances sur les effectifs, la répartition, l’écologie et la démographie du gecko vert de Manapany sont limitées et ces lacunes vont à l’encontre de sa conservation. En effet, ces informations sont indispensables pour une gestion conservatoire efficace. Depuis 2015, un suivi annuel par capture-marquage-recapture est réalisé par l'association Nature Océan Indien sur deux populations afin d’avoir de premières informations sur les paramètres démographiques (effectifs, survie des adultes, sexe-ratio) et les capacités de dispersion de l’espèce (Sanchez and Crechet, 2016 ; Bonnano et al., 2017). Des études complémentaires sont en cours dans le cadre de ce doctorat pour pallier à ces lacunes de connaissances. 

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Gecko vert de Manapany.
 Phelsuma inexpectata se distingue des autres espèces de son genre par la présence d'un trait rouge qui relie les deux yeux et d'un croissant de lune bleu sur le museau. Crédit photo: Mickaël Sanchez.
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